Neruda découvre l'Asie
En 1928, Pablo Neruda est nommé consul à Colombo, Ceylan, puis à Singapour et Batavia. Accompagné de Kiria, sa fidèle mangouste, le poète chilien découvre les odeurs et les couleurs des rues
asiatiques, les plaisirs et cauchemars de l'opium, la chasse à l'éléphant, le sourire paisible des Bouddhas...
Neruda livre ses souvenirs colorés et poétiques d'un Orient colonial et se révèle comme un
homme passionné, curieux de tout et de tous, et un merveilleux conteur.
La solitude lumineuse de Pablo Neruda (Chili)
Ce bref recueil s’apparente à un carnet de voyage, qui suit la carrière consulaire de Pablo Neruda en Asie. Elle va lui permettre de découvrir un univers totalement différent du Chili, et de se conforter dans une méfiance instinctive à l'égard de ses interlocuteurs...
" Ma fonction officielle ne s’exerçait qu’une fois tous les trois mois, quand arrivait de
Calcutta un bateau qui transportait de la paraffine solide et de grandes caisses de thé vers le Chili. Fiévreusement, je devais timbrer et signer des documents. Puis c’étaient trois nouveaux mois d’inaction, de contemplation
solitaire de marchés et de temples. C’est l’époque la plus douloureuse de ma poésie."
La vie
Ces considérations ne sont pas à fond perdues, même si l’auteur se reproche de ne plus produire de poésie, il sait que la quintessence des moments vécus constituent une richesse sans égal :
" Durant des heures, sous ces arbres qui ne me menaçaient plus, j’assistai aux merveilleuses danses rituelles d’une noble et antique culture et j’écoutai jusqu‘au lever du soleil la délicieuse
musique qui envahissait le chemin.
Le poète n’a rien à craindre du peuple. La vie, me sembla-t-il, me faisait une remarque et me donnait à jamais une leçon : la leçon de l’honneur
caché, de la fraternité que nous ne connaissons pas, de la beauté qui fleurit dans l’obscurité.
Ainsi de poste en poste, sans illusions sur ses propres ambitions diplomatiques, le futur prix Nobel de littérature, bien loin encore des combats essentiels qui forgeront sa légende, se taille une image personnelle
des relations humaines et sociales sous ces latitudes exotiques :
" J’avais connu sur le bateau une fille blonde, à la joie exubérante. Elle était juive et s’appelait Kruzi. Je m’approchai
d’elle durant la fête d’adieu de la traversée. Elle m’avoua quelle véritable occupation l’amenait à Batavia. En ce qui la concernait, on lui avait donné le choix entre un maharadjah, un prince siamois
et un riche commerçant chinois…"
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