31. déc., 2017
Le retour des caravelles de Lobo Antunes
Contre les berges de Lisbonne, l'histoire jette ses héros en vrac.
Poètes, navigateurs ou colons déchus de l'Angola indépendante,
ils apportent, venus de plusieurs siècles, l'image du déclin
qu'ils ont vécu : celui de l'empire par deux fois brisé - en 1578
avec la domination espagnole et en 1975 avec la fin des colonies d'Afrique.
Rien de plus furieusement baroque que cette traversée
de l'histoire portugaise où Vasco
de Gama, Luis de Camoëns,
ressuscités des Lusiades ou d'ailleurs, se perdent, arbitrairement
défigurés, dans le
Lisbonne d'aujourd'hui qu'ils ne reconnaissent plus.
Et Luis sillonne l'histoire et la ville sans lâcher le cercueil où
pourrit
le corps de son père, signe d'un présent toujours en mal de ses racines.
Car dans cette civilisation occidentale en
pleine déchéance, on espère
encore le retour des caravelles.
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